Quelques sentiments courants

Réf. blog : TP3 - Date de mise à jour : 07-03-2020


La pitié :

Les hommes éprouvent de la pitié pour les autres êtres humains parce qu'ils possèdent l'aptitude à se mettre à la place de ceux-ci, et à ressentir leurs sentiments : ils possèdent tous un minimum de sensibilité.
Parce que nous voulons être objectifs, nous pensons que le malheur d'autrui aurait pu ou pourrait nous arriver, et ressentons donc une dévalorisation.
Nous nous disons que, si un malheur nous arrivait, nous aimerions bien, dans cette situation pénible, être aidé ou tout au moins reconnu comme « quelqu'un de bien », mais qui n'a pas de chance en ce moment.
Nous pensons également que, si personne ne nous venait en secours, nous serions bien malheureux (c'est-à-dire « dévalorisé »).
Tout cela nous convainc qu'il faut donner l'exemple, et aider le malheureux.
Au final, nous agissons donc pour nous-mêmes, afin de diminuer une éventuelle future dévalorisation.
Enfin, après avoir ressenti une dévalorisation en nous identifiant à la personne, nous revenons à la réalité et prenons conscience que nous ne sommes pas dans son cas : nous nous sentons donc supérieur à elle, et passons ainsi d'une dévalorisation à une valorisation, ce qui renforce le sentiment de notre valeur (il y a donc augmentation ponctuelle de la valorisation globale ressentie).


La timidité :

La timidité est un mélange, à différentes doses, de secondarité, d'émotivité et de solidité faible.
On ne prend pas le risque d'agir, de peur de se faire remarquer, d'être ridicule, en bref d'être dévalorisé : c'est la secondarité.
On rougit facilement si on se sent dévalorisé : c'est l'émotivité.
Enfin, on craint beaucoup les dévalorisations ; elles peuvent facilement détruire la confiance en soi, parce qu'il y a un manque de crédibilité dans sa valeur globale : c'est la solidité faible.

L'hypocrisie :

On affecte une conviction qu'on ne possède pas.
L'hypocrisie résulte d'une prétention forte, et souvent d'une solidité faible : parfois la personne ne prend pas la peine de dire tout haut ce qu'elle pense, parce qu'elle se sent supérieure à son interlocuteur, et ne veut pas perdre son temps en s'opposant à lui.
Mais fréquemment, elle simule ses sentiments surtout parce que, de solidité faible, elle craint de perdre de la valorisation en dévoilant ce qu'elle pense à la personne (mais elle ne se gêne pas pour s'exprimer derrière son dos).

La naïveté :

Il existe en réalité deux sortes de naïvetés : la première est la naïveté par manque de psychologie, donc d'esprit d'analyse : on se laisse facilement berner par des gens dont le comportement, l'hypocrisie, les trahissent pourtant.
La seconde est la naïveté par manque de réalisme, donc d'esprit de synthèse : dans un contexte ou un climat propice, on croit à la véracité de choses exceptionnelles, très rares, par manque de recul; on oublie alors toutes les informations accumulées dans nos expériences antérieures, informations qui permettent de ne pas oublier l'hypothèse du mensonge, du canular.
Les enfants présentent souvent cette naïveté, mais elle est logique chez eux : ils n'ont pas encore vécu assez d'expériences pour faire une synthèse importante et soupçonner un mensonge.

L'amour ou l'amitié :

Peut-être avez-vous constaté que les couples ont tendance à s'attirer lorsqu'ils se complètent, c'est-à-dire lorsque plusieurs aptitudes de l'un font défaut à l'autre.
Bien souvent d'ailleurs, ils ont des caractères opposés.
Cela peut se comprendre comme une collaboration : l'union fait la force.
Ensemble, chacun des membres du couple possède plus d'aptitudes que séparément.
Egalement, chacun estime l'autre pour les aptitudes qu'il ne possède pas, et inversement, chacun se sent valorisé par l'aptitude qu'il possède et que l'autre n'a pas.
Ainsi, une personne perméable, sensible, émotive, secondaire, synthétique, solide sera attirée par une personne non perméable, non sensible, non émotive, primaire, analytique, non solide.
Par exemple, Catherine, « non solide », lorsqu'elle a un coup de déprime, vient chercher du réconfort sur l'épaule de Richard son mari, parce qu'elle le sent solide : il la rassure.
De son côté, Richard apprécie son rôle de protecteur, il se sent valorisé par la confiance de Catherine en sa force.

Egalement, pour qu'ils puissent s'entendre, il est important que l'un des deux membres du couple ne possède pas globalement moins d'aptitudes que l'autre : sinon il se sentira dévalorisé.
Il est aussi souhaitable que leurs prétentions soient de même niveau ; en effet, si l'un dispose d'une prétention plus forte que l'autre, il aura tendance à « écraser » son conjoint, qui se sentira alors dévalorisé.
Par exemple, Stéphanie, de prétention forte, ambitieuse, réussit à obtenir un poste important dans sa société, à force de travail et de persévérance.
Elle finit alors par mépriser Laurent, son mari, qui, occupant un poste de fonctionnaire, ne cherche pas à évoluer et semble satisfait de son sort.

Enfin, les deux membres du couple doivent accorder de l'importance aux mêmes types de valorisation, c'est-à-dire aux mêmes « plaisirs ».
Par exemple, Fabrice a rencontré Virginie dans une soirée.
Fabrice accorde beaucoup d'importance à la valorisation par l'apparence ; il est toujours habillé à la dernière mode, et admire ceux qui ont du prestige, des honneurs, la richesse.
Virginie, quant à elle, méprise cela : elle valorise plutôt des aptitudes réelles, comme l'intelligence ou l'habileté.
Dès lors, l'histoire qui s'était nouée entre Fabrice et Virginie ne pouvait pas durer très longtemps, et elle se termina effectivement par une rupture.

L'amitié exige globalement les mêmes critères que l'amour, mais de manière moins exigeante : chacun des deux doit accorder de l'estime à l'autre, pour quelque chose qu'il ne possède pas.
Cela peut être une aptitude ou simplement une « valeur » sociale : richesse, célébrité etc.
De même qu'en amour, les deux personnes doivent avoir des valeurs communes : le goût des femmes ou des hommes, le bricolage, le shopping, la mode, une mission militaire ou humanitaire, la science, etc.
Prenons par exemple le cas d'un maître et d'un élève entre lesquels s'est établi une grande complicité : l'élève estime le maître pour sa valeur sociale (c'est un « grand » professeur) ou pour ses connaissances, et le maître pourra estimer l'élève pour son potentiel, ses aptitudes, ou encore sa sensibilité.

En pratique, rien n'est parfait dans la vie réelle, et l'amour ou l'amitié existent d'une manière plus compliquée que ce que nous avons décrit ci-dessus.
Par exemple, Martin aura parfois tendance à dénigrer ou mépriser son épouse Jeanne, pour telle ou telle chose qui lui déplaît, et celle-ci ressentira une dévalorisation.
Mais généralement Jeanne ne se laisse pas faire, et lui montre sans détour, quitte à le dévaloriser un peu, que lui aussi, Martin, possède des défauts.
Il peut en résulter une dispute qui s'envenime, mais aussi parfois une prise de conscience de Martin, qui s'aperçoit qu'il a été effectivement méprisant : comprenant que lui-même n'est pas parfait, il se remet alors en question, fait ses excuses, en reconnaissant à leur juste valeur les aptitudes de Jeanne.
Ainsi, l'amour, ou l'amitié, pourront perdurer, affrontant régulièrement quelques « crises ».

Les disputes :

Lorsque nous sommes critiqués, agressés, méprisés ou ignorés, nous nous sentons dévalorisés ; nous avons alors tendance à réagir instinctivement en dénigrant notre « adversaire », afin de diminuer notre dévalorisation : nous renvoyons donc une dévalorisation à l'autre : critique, agression, mépris, etc.
Et ainsi de suite, d'où la relation dégénère.
Donnons un exemple :
Michel 
(forte prétention, il se sent supérieur à sa femme)
: Où as-tu encore mis mon journal ? avec toi, on ne retrouve jamais rien.
S'il y a bien une chose où tu es nulle, c'est l'organisation.
Laurence 
(forte prétention, solidité faible et rigide : elle estime être quelqu'un de bien, mais manque de confiance en elle ; elle est donc blessée par la remarque) 
:
Et toi qu'est-ce que tu sais faire de bien pour me dire çà ? tu n'es même pas fichu de trouver un travail correct : tu n'es qu'un raté !
Michel
(solidité faible : il se sent dévalorisé et cherche à se venger)
 : Moi, au moins je ne m'habille pas comme une souillon !
Laurence
(encore plus dévalorisée)
 : Je ne veux plus te parler !

Cet exemple illustre bien comment une relation peut dégénérer lorsque l'on ne respecte pas l'ego (c'est-à-dire la « valeur » de prétention) de l'autre.
On comprend pourquoi la meilleure façon de critiquer une personne (ou de répondre à une personne qui nous critique), si on veut qu'elle nous écoute avec sa raison, est de constamment éviter de la dévaloriser.

Une méthode efficace est la suivante :
- Commencer par énoncer les faits (négatifs) qu'elle a engendré, mais sans la critiquer personnellement : elle le ressent alors comme une « faible » dévalorisation.
Exemple :
« Chéri, je ne retrouve plus mon journal ; tu l'as rangé où ? »
- Ensuite, dire, toujours en prenant soin de ne pas la dévaloriser, que c'est nous qui ressentons quelque chose de négatif à cause de ces faits : tristesse, frustration, humiliation.
Ainsi, d'une certaine manière, nous la valorisons, en lui confiant que nous avons été dévalorisé.
Exemple (si la femme a perdu le journal) :
« Tu sais, lire mon journal à côté de toi le soir, c'est mon seul moment de plaisir après le travail ; sans cela, je n'ai plus le moral. »
- Enfin, essayer de terminer par une phrase valorisante pour elle, comme par exemple l'opinion positive que l'on a d'elle (éventuellement mêlée à un reproche), de sorte qu'elle n'ait plus aucun doute que notre « critique » était dite sans agressivité.
Exemple : « Tu sais que je t'aime comme tu es, mais je serais le plus heureux des hommes si tu ne jetais pas mon journal quand tu le vois sur mon fauteuil »

 

[Le caractère]