L'art de percevoir son environnement

Réf. blog : TP2 - Date de mise à jour : 13-01-2020

Afin de rendre plus vivant l'exposé des aptitudes, nous présenterons celles-ci avec un exemple de situation réelle, en mettant en scène deux jeunes femmes aux caractères différents, Léa et Julie.

Léa et Julie ne perçoivent pas le même monde


Léa et Julie, jeunes femmes coquettes, dans une même situation, ne perçoivent pas les mêmes choses.
Léa est une jeune femme coquette.
Elle est sensible, et accorde beaucoup d'importance à la considération des autres, en particulier parce qu'elle se sent seule.
Ce jour-là, en passant dans la rue, Léa s'arrête un instant pour admirer la vitrine d'un magasin de vêtements.
Elle remarque un homme qui passe à côté d'elle, n'accorde pas un regard à la vitrine, mais s'arrête un peu plus loin pour détailler une magnifique Ferrari rouge, qui est garée là.
Léa est maintenant absorbée dans la contemplation d'une superbe robe qui lui plaît beaucoup.
Soudain, elle entend un toussotement ; elle lève les yeux, et découvre un homme séduisant, debout à côté d'elle, qui profite de son attention pour la regarder dans les yeux et lui déclarer : « Je ne sais comment vous le dire, mais je vous trouve très belle.
Laissez-moi vous inviter à boire un verre afin de faire votre connaissance ».
Quelles sont les informations qu'a enregistrées Léa durant ces quelques minutes ? Compte tenu de sa coquetterie et de son besoin de reconnaissance, gageons qu'elle retiendra les informations suivantes : - la robe noire de la vitrine serait bien pour une soirée chic.
- Ce garçon est sympathique - Il possède de beaux yeux bleus - Il a une cravate bleue - Il est souriant, semble m'accorder beaucoup d'importance et d'estime.
Notons que certaines des informations reçues pourront être déformées : par exemple Léa retiendra que le garçon possède une cravate bleue, alors qu'en réalité, il s'agit d'une cravate noire à rayures bleues et vertes.
Supposons maintenant que ce soit Julie, une femme d'affaires, ayant des responsabilités importantes, qui passe devant cette même vitrine, en se rendant à un rendez-vous commercial.
Julie est très valorisée par son travail, fortunée, peu coquette, très « business », mariée et heureuse en ménage.
Elle regarde distraitement la vitrine du magasin, lorsque le bel inconnu l'aborde dans les mêmes conditions que ci-dessus.
Julie retiendra-t-elle la même chose que Léa ? Certainement pas, car les deux femmes sont trop différentes dans leurs objectifs de vie.
Il est probable que Julie notera les informations qui confortent son statut de femme mariée et femme d'affaires, comme par exemple : - j'aime beaucoup le tailleur bleu marine - ce type qui drague dans la rue est ridicule - en plus, il porte un costume gris premier prix, quelle horreur ! On voit donc que Léa et Julie, dans la même situation, n'ont pas du tout retenu les mêmes choses.
D'une manière générale, notre environnement constitue un ensemble d'informations très important, dont nous ne captons qu'une partie infime, en utilisant nos sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher.
Suivant notre personnalité, nous ne laisserons passer que certaines informations.
Ces informations perçues dépendent de nos gènes mais aussi de nos centres d'intérêts, de nos objectifs de vie : nous donnons en effet une note à chaque information, l'évaluant en terme de gain en plaisir ou en moindre déplaisir.
Si ce gain est négligeable, l'information est éliminée, sinon elle est stockée.
C'est ce qui nous fait dire que « l'on ne retient que ce qui nous intéresse ».

La réceptivité, aptitude à percevoir son environnement

On peut définir la réceptivité comme étant l'aptitude d'une personne à déformer plus ou moins la quantité des informations perçues.
Plus une personne est réceptive, plus elle perçoit, à un instant donné, un grand nombre d'informations extérieures.
La réceptivité sélectionne les informations qui sont susceptibles d'apporter une valorisation (plaisir) ou une moindre dévalorisation (moindre déplaisir).

Une origine organique

Notre thalamus effectue un tri des informations en fonction des valorisations données par l'amygdale du cerveau et le cortex préfrontal.

Quel est le processus biologique qui permet la réceptivité ? Les perceptions extérieures, visuelles, sonores, tactiles, qui arrivent à nous, suivent un chemin très particulier au sein de notre corps : elles sont centralisées vers un organe du cerveau, le thalamus; celui-ci effectue un tri, puis les envoie à la fois à l'amygdale et au cortex préfrontal, pour leur attribuer une valorisation.
L'amygdale pourra, compte tenu du contexte, augmenter fortement cette valorisation ou dévalorisation, alors que le cortex préfrontal, compte tenu des règles mémorisées, aura plutôt tendance à modérer cette valorisation ou dévalorisation.
Il s'établira alors une « valeur moyenne » de valorisation qui permettra de décider si l'information doit être traitée et mémorisée ou oubliée.
Si cette valorisation est négligeable, l'information sera ignorée.
Sinon, il y aura traitement, par association et comparaison avec les multiples informations du cortex, et enfin mémorisation.
La mise en exergue de certains « détails », l'exagération de leur importance par l'amygdale du cerveau se manifeste en de nombreuses situations : par exemple, une simple expression de mépris pourra faire perdre ses moyens (ou son calme) à une personne sensible.
Inversement, on constate que les personnes qui n'ont plus d'amygdale (du cerveau) ne perçoivent plus les nuances des expressions du visage.
Ce fonctionnement explique pourquoi chaque individu, suivant ses centres d'intérêts et son vécu, ne retient que des informations très spécifiques.
Chacun de nous possède une aptitude de « réceptivité » particulière, qui détermine le nombre et le type des informations de perception qui seront finalement acceptées puis « traitées ».
Bien évidemment, cette aptitude dépend aussi de nos organes de perception : si le cerveau d'une personne possède une forte aptitude à retenir les couleurs des objets, celle-ci pourra être masquée par une mauvaise vision (myopie par exemple) !

Une bonne réceptivité, pour quoi faire ?

La réceptivité joue un rôle essentiel en amont du traitement des informations.

La réceptivité est une aptitude essentielle au traitement des informations.
Sans elle, une intelligence aussi brillante soit-elle, ne peut rien faire : s'il n'y a pas d'informations à traiter, ou trop peu, comment élaborer un traitement pertinent ? Montrons-le par un exemple : Vous revenez d'une excursion à pied en montagne, qui démarrait d'un point de départ unique, s'enfonçant dans la forêt à partir d'une route de montagne unique.
Au retour de cette excursion, vous retombez sur cette route, mais pas au même endroit qu'à votre départ.
A droite la route monte, à gauche elle descend : devez-vous descendre ou monter pour retrouver le point de départ (où vous avez garé votre voiture) ? Mise en ouvre de la réceptivité : Si votre aptitude de réceptivité est faible, vous ne pourrez que choisir au hasard.
Par contre, si celle-ci est bonne, vous remarquerez qu'il y a une petite maison à côté de la route sur laquelle vous venez d'arriver.
Vous vous rappellerez alors que, lorsque vous êtes arrivé en voiture (en montant) sur cette route pour aller au point de départ, vous n'aviez pas vu cette maison.
Mise en oeuvre de l'intelligence : Vous exercerez alors votre aptitude d'intelligence (association et comparaison des informations) : Vous n'êtes pas passé par là en voiture à l'aller (sinon vous auriez vu la maison), donc vous avez forcément dû vous arrêter plus bas : donc, pour retrouver votre point de départ, vous devez descendre (et non pas monter).
Ainsi, la personne de forte réceptivité saura tirer parti, pour résoudre un problème, des multiples « indices » que lui fournit le contexte.
Souvent, elle se distinguera (à condition qu'elle possède aussi un bon esprit de synthèse) par son aptitude à être « débrouillarde » en situation inhabituelle : il y a soudain un problème à résoudre, et de très nombreuses informations sont données ou ont été données antérieurement (objets, sigles, ambiance, personnes, etc.
).

Quand la réceptivité se met-elle en marche ?

On ne perçoit bien que ce qui nous intéresse, c'est-à-dire est susceptible de nous valoriser.

L'intérêt est le moteur de la réceptivité.
Intéressez-vous aux choses et aux gens, et vous enrichirez votre univers d'informations.
Citons Adler, célèbre psychanalyste et médecin, dans « Le sens de la vie » (1933) : « ...Il y a aussi des sujets qui voient et entendent tout, qui perçoivent chaque phéno­mène, chaque modification pouvant se présenter.
D'autres n'exercent en face du monde que leur organe visuel, presque exclusivement ; chez d'autres encore, c'est l'appareil auditif ; ces derniers ne voient rien, ne prennent note de rien tant qu'il s'agit de choses visibles.
Voilà encore des motifs expliquant pourquoi l'attention fait si sou­vent défaut là ou il faudrait proprement l'attendre.
Le facteur le plus important pour l'éveil de l'attention, c'est un réel intérêt profon­dé­ment enraciné.
Il s'implante, en effet, dans l'âme, beaucoup plus loin que l'atten­tion.
L'intérêt est-il présent, l'attention ira de soi, sans nécessiter aucune espèce d'influence éducative.
Elle est le simple moyen de s'approprier pour un but déterminé un domaine auquel on s'intéresse».
  Toute information que nous retenons est forcément intéressante en termes de valorisation.

Montrons par quelques exemples comment se traduit cette valorisation : en quoi des informations telles que « cette robe est rouge », «le feu est vert », « la route est large », ou « E=mc2 » sont-elles des informations susceptibles d'apporter une valorisation ou une moindre dévalorisation, suivant les personnes et les situations? « Cette robe est rouge » : Cette information sera perçue par une femme coquette, qui pensera « si je l'ai, je serai plus belle donc valorisée ».
Par contre, pour un homme célibataire, l'information n'est pas perçue car elle n'apporte ni valorisation ni dévalorisation.
«Le feu est vert » : Si je suis à pied, cette information est perçue, car si je traverse, je vais me faire écraser : c'est une dévalorisation ! Si je suis en voiture, je la perçois également, car je vais pouvoir avancer donc atteindre plus vite mon objectif : c'est une valorisation.
«La route est large » : Si j'ai une voiture, je penserai « lorsque je conduis en voiture ici, je risque moins de me faire accrocher », ce qui est une valorisation.
Si je suis en vélo, je penserai « les voitures vont vite ici, je risque de me faire accrocher » : c'est une dévalorisation.
« E=mc2 » : Si je suis étudiant, la connaissance de cette formule me permettra de résoudre des problèmes, en vue de réussir des examens, ce qui est une valorisation.
Si je suis simplement curieux du monde qui m'entoure, de son histoire, ses génies, ses principes, cette formule renforcera ma culture, ma compréhension du monde (et donc sa maîtrise), ce qui est une valorisation.
Dans le cas contraire, je ne retiendrai pas cette formule.

 

[Le caractère]