Chaque homme est un monde à lui tout seul

Réf. blog : SV2 - Date de mise à jour : 18-10-2019


Un observateur extra-terrestre ne comprendra pas les hommes s'il ne se définit pas des notions humaines : curiosité, volonté, etc.

Chacun de nous, êtres humains, voyons le monde à travers un filtre qui nous est propre : l'univers nous apparaît à travers la vision, l'ouïe, l'odorat, à travers nos objectifs de réussite, familiale ou sociale, à travers nos sensations, froid, douleur, nos sentiments, tristesse, énervement...

Pourtant, nous sommes tous constitués de particules élémentaires, cellules, elles-mêmes constituées d'atomes, eux-mêmes constitués de nucléons, eux-mêmes constitués de quarks.
Imaginons un observateur extérieur, extra-terrestre, n'ayant aucun de nos sens, et capable uniquement de percevoir les constituants de base, les quarks ou les atomes.
Supposons qu'il « observe » la terre et ses éléments.
Comment, par exemple, une sensation de douleur ou un sentiment de tristesse se manifesteront-ils pour lui ?
Il pourra probablement tirer des lois de ses observations.
Par exemple, supposons qu'il observe, entre autres, des êtres humains se battant en duel à l'épée, et que l'un d'eux, blessé, se torde de douleur : comment notre extra-terrestre traduira-t-il ces observations ? En fait, il observera probablement que, s'il y a un mouvement rapide d'atomes de fer vers un groupe d'atomes de carbone (notre corps est constitué essentiellement de carbone), alors il y a une désorganisation des atomes, une modification des positions des atomes dans ce groupe.
Il pourra imaginer ou déduire que cela crée une perturbation qui à des conséquences sur le groupe d'atomes, qu'il appellera « un individu », sur son comportement à l'avenir.
Mais s'il veut comprendre parfaitement le système des hommes, il devra définir des valeurs spécifiques à ce système : douleur, sentiment, perception, valorisation, aptitudes, etc.
Toutes ces valeurs lui permettront de définir des lois plus adaptées au système, permettant de mieux le prévoir.
De même, il constatera que, à chaque fois qu'une éclipse de soleil intervient en pleine journée, dans une zone fortement peuplée (une grande ville), la densité d'individus en plein air augmente ou encore que la vitesse moyenne des personnes diminue pendant plusieurs minutes : car les gens s'arrêtent, sortent dehors pour observer l'éclipse.
Ici encore, s'il veut comprendre et prédire ce comportement qui a poussé les gens à se regrouper et s'arrêter pour observer l'éclipse, il lui est nécessaire de définir... la « curiosité ».
Il pourra aussi constater que, chaque fois qu'un événement astronomique, comète, passage proche d'une planète (par exemple Vénus) se produit à proximité de la terre, celle-ci émet des « groupements de particules » spécifiques : ce sont les sondes, les navettes, qu'envoient nos scientifiques.
Encore une fois, pour expliquer et prévoir pleinement ces modifications de particules, il devra définir la « curiosité », la « volonté de progresser », paramètres spécifiques à l'homme.

D'une manière générale, chaque système, homme, planète, atome..., obéit à des lois qui lui sont propres.

En fait, d'une manière générale, chaque groupement stable de particules constitue un système, qui possède ses propres lois macroscopiques.
Par exemple, une personne constitue un « système » à part entière.
Deux systèmes auront des lois d'autant plus différentes qu'elles seront constituées de structures de particules différentes.
Il y a donc dans la nature des milliards de systèmes.
Ainsi, les notions de douleur, tristesse, réussite, etc., n'ont de valeur que pour décrire le système « homme Pierre », et n'ont aucun sens pour le système « planète Mars», qui est décrit lui-même à travers des lois et des valeurs qui lui sont propres : gravitation, masse, volume...
Plus encore, le système « homme Pierre » est différent du système « homme Paul ».
Ces deux systèmes ont de nombreuses structures communes, ce qui fait qu'ils ont un grand nombre de valeurs communes : notions de perception, douleur, tristesse, réussite, etc.
Mais ils auront tout de même chacun des valeurs propres : par exemple Pierre ne verra le monde qu'à travers le sport, et ne comprendra pas Pierre qui ne vit que pour la lecture.
De même, le système « homme Pierre » et le système « chien Médor » auront quelques valeurs communes, mais également de nombreuses différences, qui feront qu'ils ne verront pas le « monde » de la même manière : le chien verra son univers de manière importante à travers l'odorat, en particulier l'odeur de son maître, à travers la perception de sa gamelle, de sa laisse, les heures du repas, de la promenade, les poux qui le démangent.
En bref, chaque système possède un ensemble optimal de paramètres et de lois spécifiques qui permettent de le décrire et de prédire son comportement.
Comme nous l'avons signalé, chaque système est unique, mais on peut regrouper les systèmes par familles plus ou moins proches.
Plus ils seront proches, plus ils obéiront à des lois similaires.
Par exemple, le système « homme Pierre Martin » est très proche du système « homme Paul Martin » (son frère), un peu moins proche du système « homme Jacques », encore moins proche du système « chien Médor », encore moins proche du système « perroquet Jacquot », encore moins proche du système « planète Mars », etc.
De même, le système « planète Mars » est proche du système « planète Terre », car ils obéissent à des lois similaires.
On pourra ainsi prédire la position relative des deux planètes grâce aux lois propres aux planètes.
C'est ainsi que les scientifiques ont défini des lois propres aux systèmes les plus utiles pour les hommes : lois des systèmes quarks, lois des systèmes photons, lois des systèmes magnétons (électromagnétisme), lois des systèmes atomes, lois des systèmes molécules, lois des systèmes gaz, lois des systèmes planètes, lois des systèmes cellules, lois des systèmes hommes, lois des systèmes foules, lois des systèmes « sociétés des hommes» (économie, sociologie...), etc.

Les lois d'un système peuvent s'expliquer par les lois du système inférieur : ainsi, le comportement d'une foule pourra s'expliquer à partir des comportements des hommes qui composent cette foule.

En conclusion, pour prédire au mieux les événements, il ne faut pas rechercher des lois « universelles » ; il faut rechercher les lois les mieux adaptées au système que l'on étudie.
Par contre, on pourra ensuite rechercher à expliquer comment le passage d'un système à un système voisin engendre la création de nouvelles lois spécifiques à ce système voisin.
Donnons un exemple : on peut déduire les lois des « molécules », qui sont des regroupements d'atomes, à partir des lois des « atomes ».
En effet, dans un atome, il y a un noyau et des électrons, chargés négativement, qui gravitent autour de ce noyau, en plusieurs couches successives.
Pour des raisons électriques, l'atome « cherchera » à compléter, jusqu'à un certain nombre dépendant de la couche considérée, le nombre d'électrons de sa couche supérieure.
Pour cela, il pourra s'associer avec un autre atome, avec lequel il partagera des électrons.
Ce sont ces associations multiples entre atomes qui constitue un nouveau système, la « molécule ».
Ce nouveau système obtenu, la « molécule », possède un (parfois plusieurs) côté chargé +, et un côté chargé -.
Cela fait qu'une molécule est successivement repoussée ou attirée par les autres molécules.
D'où les molécules s'entrechoquent régulièrement ; donc, si on diminue l'espace disponible pour les molécules, celles-ci s'entrechoquent plus fréquemment, ce qui fait augmenter la température.
Ce comportement permet d'expliquer les lois propres au système « molécule », et en particulier, la loi de base « PV = nRT » (où R est une constante), qui permet de prévoir que, à pression « P » et nombre « n » de molécules constants, si le volume « V » diminue, alors la température « T » augmente.
Donnons un autre exemple : de nombreux sociologues ont constaté que le comportement d'une foule est totalement différent de celui d'un homme seul.
Essayons de déduire les lois spécifiques aux systèmes de la famille des « foules » à partir des systèmes de la famille des « hommes ».
Un « homme » obéit à des lois liées à une recherche de « valorisation globale » maximale : valorisation par conservation, reproduction, considération, etc.
Dans une foule, un homme acquiert une valorisation très forte en étant « accepté », reconnu comme membre à part entière dans le groupe puissant, conscient de sa force, que constitue la foule.
Pour optimiser cette valorisation, un homme se refuse à contester toute décision de la « foule », il accepte totalement, sans les juger, toutes les idées de cette foule : cela pourra l'amener à des actions et des sentiments extrêmes, telle que la joie, la haine, la violence, la cruauté, le don de ses biens, . Ces comportements, qui s'observent systématiquement lorsqu'il y a une foule, constituent donc des « lois » spécifiques aux systèmes des foules.

L'univers en veut toujours plus 

Tous les systèmes sont esclaves en permanence d'une recherche de « valorisation ».
Ainsi, tous les systèmes obéissent à des lois qui leurs sont propres.
Si l'on compare les systèmes connus, il semble que l'on peut toujours traduire leurs comportements par des notions de valorisation (et moindre dévalorisation), la « valorisation » étant «une volonté d'accumulation à l'infini », que le système cherche à obtenir en permanence.
Par exemple, une charge positive cherche à gagner le maximum de charges négatives, un atome cherche à compléter à l'infini ses niveaux électroniques, une cellule cherche à se multiplier à l'infini.
Et enfin un homme cherche à se valoriser infiniment (d'où l'expression « plus on en a, plus on veut »).
Les hommes sont proches de savoir acquérir autant de valorisation qu'ils le désirent à chaque instant : il suffira par exemple de passer sa vie dans une combinaison électronique, connecté à un ordinateur (voir le film Matrix !) qui satisfait tous nos fantasmes, dans une vie totalement virtuelle.
Cependant, notre intelligence nous rappelle qu'il s'agit là d'une « tricherie », et qu'une telle attitude nous ramène au niveau « biologique », animal, et retire tout sens à la vie.
En cela, nous sentons que ce comportement de recherche infinie de « valorisation » est un comportement « dévalorisant », que c'est une loi imposée par la nature.
En prenant conscience de cela, les êtres humains peuvent apprendre à accorder moins d'importance à ce comportement, et devenir plus simples, moins centrés sur eux-mêmes et leur recherche de valeur; et finalement, moins jaloux des autres et plus solidaires.

La nature nous a confié une grande responsabilité

Un être humain est donc un système à part entière, c'est-à-dire un ensemble de cellules qui, grâce à une forte collaboration et spécialisation, a réussi à atteindre un degré élevé d'adaptation.
Un tel « système », complexe et évolué, résulte d'une lente et longue évolution, qui au fil des millénaires, a permis l'apparition d'êtres doués d'une conscience et d'une intelligence.
En programmant notre cerveau vers une recherche permanente de valorisation, l'évolution nous donne en permanence le chemin à suivre pour accroître encore notre adaptation ; elle guide nos actes, pour le bien et l'intérêt de toute la communauté de cellules qui nous constituent.
Au final, notre pensée, générée par notre cerveau, est le « chef d'entreprise » de cet ensemble de cellules qu'est notre corps. C'est elle qui, à chaque instant, décide de la vie ou de la mort de toutes ces cellules. En bref, la nature nous a confié la responsabilité de gérer le bien-être de l'ensemble des milliards de cellules qui forment notre corps !




 

[Le cerveau]