La vie, c'est de l'information

Réf. blog : SV1 - Date de mise à jour : 13-10-2019

L' homme perçoit le monde à travers des perceptions sensorielles, à partir desquelles il effectue un traitement intelligent.
Ce traitement lui permet de distinguer intuitivement des notions telles que la vie et la mort d'une personne.
Pourtant, médicalement, la définition de la vie et de la mort n'est pas simple.
Dans cet article, nous montrerons que, de manière surprenante, les notions de vie et de mort ne sont pas aussi évidentes que l'on pourrait le penser .

Par définition, la vie est la « conservation de son être ».

Regardons comment le Petit Larousse définit la vie et la mort : la vie est le « Résultat du jeu des organes concourant au développement et à la conservation du sujet » et la mort est la « perte de la vie ». La vie est donc la conservation de son être.
Mais s'agit-il de la conservation de son corps physique (support matériel), des informations contenues dans ce corps, ou des deux à la fois ?


La vie n'est pas liée à la conservation du corps physique.

Dans notre corps, les cellules se renouvellent régulièrement ; donc la conservation de la « matière » du corps n'est pas essentielle à notre vie.
Le cerveau est structuré en fonctions, un peu comme un ordinateur.
Il est donc probable que, dans l'avenir, lorsque nous aurons atteint un certain niveau de connaissance, nous pourrons enregistrer toutes les aptitudes et les souvenirs en mémoire d'une personne, et les réinjecter dans un corps biologique ou synthétique similaire. Ce sera un peu comme sauvegarder tout le système et les données de votre ordinateur sur un CD-Rom, et les réinstaller sur une autre machine.
Supposons qu'une personne soit gravement malade, et qu'on lui dise : « Vous allez vous endormir, et vous ne ressentirez plus rien.
Votre corps actuel s'éteindra, Puis, après la ré-injection, vous vous réveillerez, et vous serez dans un nouveau corps ».
Elle accepte, et on procède à la ré-injection dans le nouveau corps.
Mettons-nous à la place d'une personne extérieure, vous par exemple : si vous discutez avec cette personne, vous retrouverez tous les qualités, défauts, réflexions, qui lui sont caractéristiques.
Donc, pour vous, c'est bien « elle ».
Mettons-nous à la place de la personne : elle se réveille effectivement, avec toutes ses aptitudes et ses souvenirs.
Donc, de son point de vue, c'est bien « elle ».
Conclusion : la vie d'une personne n'est pas liée à un support matériel donné, mais aux « informations » qui la caractérisent.

La conservation de l'information implique la vie.

Allons un peu plus loin que précédemment.
Nous admettons toujours que l'on peut enregistrer toutes les aptitudes et les souvenirs en mémoire d'une personne, et les réinjecter dans un corps biologique ou synthétique similaire.
Mais cette fois-ci, nous supposerons que la personne est déjà morte.
On procède donc à la ré-injection dans le nouveau corps.
Encore une fois, les personnes extérieures la reconnaîtront comme « avant » : pour eux, ce sera bien « elle », elle est revenue à la vie.
De même, pour la personne « ressuscitée » : elle se réveille, en retrouvant ses aptitudes et ses souvenirs ; elle se « reconnaît comme avant », elle est bien vivante.
Conclusion : « être vivant », ce n'est pas conserver notre corps matériel, mais c'est conserver la totalité de l'information qui nous caractérise.
Il semble donc que la vie se résume à de l'information.

La perte de l'information implique la perte de la vie.

Pour confirmer notre hypothèse, prenons le cas inverse : considérons maintenant une personne, qui, suite à un accident ou une maladie, perd brusquement la mémoire de toute sa vie antérieure, ainsi qu'éventuellement une partie de ses aptitudes psychiques initiales, bien que son corps soit resté intact.
Mettons-nous à la place de cette personne: en se réveillant, elle ne se reconnaît plus aucun lien, affectif, professionnel, ou social avec les personnes qui l'entourent : sa femme, ses enfants, ses parents, son patron, ses collègues.
Ils sont tous devenus des inconnus, des étrangers.
Pour elle, accepter de vivre avec ces personnes telles qu'elles le lui demandent, c'est comme accepter de vivre la vie de quelqu'un d'autre, c'est un peu se résoudre à ne plus avoir son libre arbitre : « avant, tu aimais faire ceci », « avant, tu acceptais de faire cela », etc.
Mais la personne ayant changé, elle pourra se soumettre, ou refuser cette vie, ces goûts, et ces comportements « d'avant ».
Dans tous les cas, elle aura l'impression qu'elle vient de naître, qu'elle vient d'arriver dans la vie, qu'elle n'a plus rien à voir avec l'ancien « elle-même » qu'elle ne connaît pas, et qu'on lui décrit : pour elle, l'ancien « elle-même » n'existe plus.
Bien qu'elle ait conservé son « support physique » (son corps), la non-conservation de son information initiale fait qu'elle se sent une autre personne.
Il y a donc bien « perte de la vie antérieure » parce que l'information n'est pas conservée.
Mettons-nous à la place d'une personne extérieure, encore vous par exemple : si vous discutez avec cette personne, vous ne retrouverez pas tous les qualités, défauts, réflexions, qui lui étaient caractéristiques.
Donc, pour vous, ce n'est plus vraiment « elle », vous direz « elle a changé » : pour vous, l'ancien « elle-même » n'existe plus.
Vous devrez apprendre à vivre avec cette « nouvelle » personne, qui n'a plus que peu de points communs avec l'ancienne personne que vous connaissiez.
Conclusion : vivre, c'est conserver de l'information, indépendamment de tout support physique.
En conclusion, « être vivant », ce n'est pas conserver notre corps matériel, mais c'est conserver la totalité de l'information qui nous caractérise.
Donc : la vie est de l'information, et la mort est une perte d'information.

La vie en sommeil
Nous venons de voir que la vie, c'est la conservation de l'information.
Mais , toujours du point de vue humain, pour qu'il y ait « vie », cette information doit-elle être impérativement « active », ou suffit-il de la stocker, avec possibilité de réactivation ultérieure ?
La possibilité de récupérer l'information suffit à la vie.

Si une personne sombre dans le coma après un accident, que le coma dure, et que, le cerveau n'étant plus irrigué, l'activité cérébrale devienne nulle, les médecins la considéreront comme morte au bout d'un temps très bref  : pour eux, la mort est liée à la mort des neurones, car ce sont eux qui contiennent l' « information » caractérisant la personne.
Cependant, l'activité cérébrale peut être provisoirement très faible sans qu'il y ait mort, parce que le cerveau reste irrigué, et que les neurones restent bien vivants.
Ainsi, lorsque nous nous endormons, notre activité cérébrale est très ralentie pendant plusieurs minutes (phase de sommeil profond).
Puis nous nous réveillons, en récupérant rapidement la mémoire de notre vie passée.
De même, après un accident ou une maladie, une personne pourra sombrer dans un coma pendant plusieurs années, son activité cérébrale restant très faible, mais suffisante pour que son cerveau soit irrigué.
Un jour, parfois des années plus tard, brusquement, elle pourra se réveiller.
Elle aura l'impression que l'accident date de la veille, qu'elle s'est juste « endormie » quelques heures : ses informations mémorisées sont restées inchangées, telles qu'elles étaient juste avant le coma.

Et si toutes les informations étaient récupérables ?
Les médecins lient la vie d'un homme à la vie de ses neurones, parce qu'ils considèrent que tant que l'information est conservée, est susceptible d'être récupérée, il n'y a pas mort, même si l'information n'est pas « active ».
Il suffit qu'ils sachent que l'information existe, même en sommeil, qu'elle est « potentiellement » récupérable, pour considérer que la personne est vivante.
Cependant, peut-on vraiment être certain que la mort des neurones rend l'information non récupérable ? Ainsi, il y a cent ans, la mort n'était pas définie comme la mort des cellules neuronales, mais comme l'arrêt de la respiration : de nombreuses personnes furent déclarées mortes, parce que les médecins pensaient que, immédiatement après l'arrêt de la respiration, la vie de la personne n'était plus récupérable.
Compte tenu de nos connaissances actuelles, il est clair que les neurones constituent la source la plus « évidente » pour le stockage des informations concernant un individu.
Cependant, ne pourrions-nous pas imaginer que les informations d'un individu puisse être stockées « ailleurs », mais que nos connaissances actuelles nous empêchent d'y accéder ? Ainsi, si vous vous intéressez à l'astronomie, vous savez que l'on peut, aujourd'hui, en raison de la vitesse de propagation de la lumière, observer des phénomènes (naissance ou mort d'une étoile, etc qui se sont produits il y a des milliards d'années.
De la même manière que ces informations existent encore, n'est-il pas possible que les informations concernant chaque individu vivant ou ayant vécu se trouvent en permanence quelque part dans l'Univers ? Si cela s'avérait vrai, et que nous étions capables de récupérer ces informations, alors nous pourrions dire que la mort n'existe pas : tout comme le sommeil, la mort serait une période de vide, « d'absence », après laquelle on peut se « réveiller » en récupérant notre mémoire du passé et nos aptitudes intellectuelles.

L'univers contient des informations

Dans l'état actuel de nos connaissances scientifiques, nous ne savons pas s'il est possible de récupérer ces informations.
Que ce soit possible ou non, cela ne changera rien à notre vie actuelle et aux proches que nous avons perdus.
Pourtant, si nous pensons que l'univers contient quelque part toutes les informations passées et présentes, et qu'un jour, peut-être, nous serons capables de les déchiffrer, alors la mort n'a plus de sens.
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[Le cerveau]