L'instinct maternel nous vient d'une mémoire ancestrale.
Réf. blog : TP6 - Date de mise à jour : 02-02-2021
Certains
comportements transmis de génération en génération, comme
l'instinct maternel, peuvent s'expliquer par l'existence de circuits
neuronaux spécifiques.
Rappelons
que les neurones sont des cellules particulières, capables de
transmettre un influx nerveux. Dans notre cerveau, et dans notre
corps en général, il existe des neurones, de diverses formes et
fonctionnalités.
Ainsi,
certains neurones sont sensibles à la lumière, d'autres au son,
certains savent exciter des muscles (ce sont les motoneurones),
d'autres inhibent un influx nerveux, d'autres l'excitent, etc.
Pour
cela, les neurones se transmettent de proche en proche des petites
« billes », les « neurotransmetteurs », qui
sont captées par l'un des « récepteurs » d'un autre
neurone.
Il
apparaît des « circuits », comme par exemple les
circuits qui commandent les contractions de l'accouchement ou la
production de lait chez la future mère.
L'apparition
de neurotransmetteurs et de récepteurs spécifiques eut une
conséquence importante dans l'évolution des espèces : elle
entraîna l'apparition de « circuits »
spécifiques : Considérons un neurone recevant un influx
nerveux avec le neurotransmetteur « X ». Si ce neurone
n'a pas un récepteur de « X », il sera incapable de
recevoir puis retransmettre cet influx à un autre neurone.
Ainsi,
on comprend que l'influx nerveux ne pouvait traverser que des
circuits spécifiques, par exemple allant d'un organe à un autre.
Par
exemple, considérons les « campagnols » sortes de rats
des champs ; chez les campagnols de l'Illinois, le
neurotransmetteur ocytocine est impliqué dans les contractions de
l'accouchement et la lactation.
C'est-à-dire
que l'arrivée à maturation du foetus par l'organisme déclenche une
sécrétion d'ocytocine, qui engendre elle-même, par influx nerveux,
des commandes, telles que les contractions et la production de lait.
L'événement
déclencheur initial, soit ici l'arrivée à maturation du foetus,
est donc à l'origine de l'activation d'un ou plusieurs circuits
spécifiques, engendrant des comportements spécifiques, ceux-ci
étant identiques de génération en génération.
En
ce sens les circuits peuvent être considérés comme des « mémoires
ancestrales ». Bien évidemment, ces « mémoires »
ont permis une meilleure adaptation des espèces.
La
femelle campagnol qui produit du lait éprouve aussi un plaisir
physique, et donc une valorisation, ce qui l'encourage à allaiter.
Par
ailleurs, grâce à l'apprentissage par association d'idée, la
production de lait et l'allaitement sont étroitement associés à la
perception visuelle, sonore ou olfactive des petits. Donc, pendant
des générations, il y a eu association positive entre la production
de lait, le plaisir d'allaiter, la vision des petits, le fait de les
lécher, etc. Ainsi, l'animal était toujours heureux en présence
de ses petits.
Comment
la chimie fait de nous de bons ou de mauvais parents
Comment
aimer des enfants qui ne sont pas les siens, ou au contraire,
délaisser ses propres enfants.
Des expériences sur les
rats campagnols ont montré l'importance incroyable des
neurotransmetteurs dans leur comportement.
On a injecté de
l'ocytocine dans le cerveau d'une femelle campagnol vierge :
elle est devenue immédiatement très « maternelle » avec
des petits (qui ne sont évidemment pas les siens); elle les
lèche, les protège.
Inversement, si l'on supprime la
circulation de l'ocytocine dans le cerveau d'une rate venant d'avoir
des petits, son instinct maternel disparaît immédiatement :
elle se désintéresse totalement de ses enfants.
On constate
la même chose pour une brebis ! On peut donc supposer que
l'injection d'ocytocine active plusieurs circuits liés à l'instinct
maternel, et permet l'augmentation des valorisations liées à
ces circuits : par exemple, le circuit de « l'action de
lécher », le circuit de « telle odeur »,
etc.
Comment devenir monogame quand on est
polygame.
Donnons un autre exemple, cette fois chez les
campagnols mâles : suivant les espèces, les campagnols peuvent
être à tendance marquée polygame ou monogame. Or, on observe
qu'une augmentation d'un autre neurotransmetteur, la vasopressine,
dans une aire précise du cerveau (le pallidum ventral) d'un
campagnol mâle « polygame » le rend monogame ! On
constate également que, outre sa fidélité, la vasopressine
augmente l'instinct paternel du campagnol mâle . Si maintenant,
on diminue ce neurotransmetteur dans une autre aire du cerveau
(l'amygdale médiane), on supprime le comportement d'attachement
paternel aux petits : il ne les caresse plus, ne les lèche
plus, etc.
Tous
ces circuits furent transmis de génération en génération, ce qui
explique, après l'accouchement, l'intérêt immédiat de la femelle
pour ses petits, c'est-à-dire :
l'instinct
maternel.
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